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une petite poesie.....
Auteur : Colombine307  
73/259

Date :    13-11-2023 12:57:38


Les hiboux

Sous les ifs noirs qui les abritent,
Les hiboux se tiennent rangés,
Ainsi que des dieux étrangers,
Dardant leur oeil rouge. Ils méditent.

Sans remuer ils se tiendront
Jusqu'à l'heure mélancolique
Où, poussant le soleil oblique,
Les ténèbres s'établiront.

Leur attitude au sage enseigne
Qu'il faut en ce monde qu'il craigne
Le tumulte et le mouvement,
L'homme ivre d'une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D'avoir voulu changer de place.

Auteur : Colombine307  
74/259

Date :    17-11-2023 07:05:01


Dépit de poisson

J’en suis restée sans voix, dit la carpe : un beau soir,
Ce maquereau sans foi m’a traitée de morue
Et comme un églefin m’a jetée à la rue,
Me laissant toute sole en un lieu triste et noir.

M’engouffrant dans un bar, je vis un capitaine,
Un Allemand paisible et bâti comme un roc,
Qui, d’un thon apaisant, pour atténuer ma peine
Sut délicatement trouver les mots haddock.

Tenez bon, disait-il, ne prenez pas la fuite,
Même si tésormais fos brochets sont des truites,
Car il parlait parfois avec un fort accent.

Vous maudissez le saur mais il vous tend la perche :
Il vous offre à l’instant ce que chacun recherche :
Vivre libre plutôt que de marcher hareng.

André Jupin
Auteur : Colombine307  
75/259

Date :    18-11-2023 20:49:26


La violette

Douce violette,
Vierge humble et discrète,
Fille de nos bois,
Dis-moi dans quels songes
Ainsi tu te plonges
Sans joie et sans voix ?

— Sans voix, non sans joie,
Car Dieu m'en envoie :
J'écoute un oiseau ;
Son chant me fait fête,
Et moi, fleur muette,
Je me dis : c'est beau !

Henri-Frédéric Amiel.
Auteur : Colombine307  
76/259

Date :    19-11-2023 14:30:49


Reve d oiseaux


Sous les fleurs d'églantier nouvellement écloses,
Près d'un nid embaumé dans le parfum des roses,

Quand la forêt dormait immobile et sans bruit,
Le rossignol avait chanté toute la nuit.

Quand les bois s'éclairaient au réveil de l'aurore,
Le fortuné chanteur vocalisait encore.

Sous les grands hêtres verts qui lui filtraient le jour,
La reine de son cœur veillait au nid d'amour.

Dans le berceau de mousse il revint d'un coup d'aile,
Impatient alors de se rapprocher d'elle.

Puis le maître divin dormit profondément...
Mais parfois il chantait dans son rêve en dormant.

« Les yeux fermés, il pense encore à moi, » dit-elle,
Heureuse d'être aimée, heureuse d'être belle.

André LeMoyne
Auteur : Colombine307  
77/259

Date :    20-11-2023 13:19:09


Le soleil du Condor

Par delà l'escalier des raides Cordillères,
Par delà les brouillards hantés des aigles noirs,
Plus haut que les sommets creusés en entonnoirs
Où bout le flux sanglant des laves familières,

L'envergure pendante et rouge par endroits,
Le vaste Oiseau, tout plein d'une morne indolence,
Regarde l'Amérique et l'espace en silence,
Et le sombre soleil qui meurt dans ses yeux froids.

Du continent muet, elle s'est emparée :
Des sables aux coteaux, des gorges aux versants,
De cime en cime, elle enfle en tourbillons croissants,
Le lourd débordement de sa haute marée.

Lui, comme un spectre, seul au front du pic altier,
Baigné d'une lueur qui saigne sur la neige
Il attend cette mer sinistre qui l'assiège :
Elle arrive, elle déferle et le couvre en entier.

Dans l'abîme sans fond la Croix Australe allume
Sur les côtes du ciel son phare constellé.
Il râle de plaisir, il agite sa plume,
Il érige son cou musculeux et pelé,

Il s'enlève en fouettant l'âpre neige des Andes,
Dans un cri rauque, il monte où n'atteint pas le vent,
Et loin du globe noir, loin de l'astre vivant,
Il dort dans l'air glacé, les ailes toutes grandes.

Auteur : Colombine307  
78/259

Date :    21-11-2023 18:57:34


Poisson

Les poissons, les nageurs,
les bateaux Transforment l’eau.
L’eau est douce et ne bouge
Que pour ce qui la touche.

Le poisson avance
Comme un doigt dans un gant,
Le nageur danse lentement
Et la voile respire.

Mais l’eau douce bouge
Pour ce qui la touche,
Pour le poisson, pour le nageur,
pour le bateau
Qu’elle porte
Et qu’elle emporte.

Paul Eluard
Auteur : Colombine307  
79/259

Date :    23-11-2023 18:12:07


Poisson d’Avril

Un poisson d’avril
Est venu me raconter
Qu’on lui avait pris
Sa jolie corde à sauter

C’était un cheval
Qui l’emportait sur son coeur
Le long du canal
Où valsaient les remorqueurs

Et alors un serpent
S’est offert comme remplaçant
Le poisson très content
Est parti à travers champs

Il sauta si haut
Qu’il s’est envolé dans l’air
Il sauta si haut
Qu’il est retombé dans l’eau.

Boris VIAN
Auteur : Colombine307  
80/259

Date :    25-11-2023 21:29:52


La Géante

Du temps que la nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,
Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.

J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement dans ses terribles jeux ;
Deviner si son cœur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux ;

Parcourir à loisir ses magnifiques formes ;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,

Lasse, la font s'étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.

Charles Baudelaire

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